Bâbord et tribord
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Bâbord et tribord sont des termes de navigation servant à désigner sans ambiguïté le côté gauche et le côté droit d'un navire, tels qu’ils seraient perçus par un observateur situé sur le navire et tourné vers l'avant de celui-ci. Par extension, bâbord et tribord sont aussi utilisés pour indiquer de quel côté du navire quelque chose se trouve. Les deux termes sont également employés en aéronautique[1].
Origine et étymologie[modifier | modifier le code]
Le terme bord (anciennement bort), qui a donné bordage, border, bordée, est attesté dès 1160 ; il pourrait être issu du vieux bas francique (langue non attestée) *bord (« planche »), renforcé par l'ancien scandinave borð signifiant « planche, côté de la coque d'un bateau »[2]. En revanche, le fait que les composés tribord et bâbord ne soient attestés que tardivement en français et pas dans les textes normands plus anciens (qui emploient les expressions vers destre « vers la droite » et vers senestre « vers la gauche ») suggère que ces termes n’ont pas été empruntés au scandinave[2].
Bâbord est issu du moyen néerlandais bakboord, qui signifie « côté (boord) du dos (moyen néerlandais bac ou bak, lui-même du proto-germanique*bakam) du timonier », lequel fait face à l'aviron de gouverne, appelé en moyen néerlandais stier (« gouvernail »), d'où stierboord, devenu estribord en français classique puis tribord[3]. Avant l'invention du gouvernail d'étambot vers la fin du Moyen Âge, le gouvernail était constitué d'un aviron de gouverne fixé à l'arrière droit, le barreur étant le plus souvent droitier.
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Tribord est mentionné pour la première fois dans un texte français en 1484, sous la forme treboit (dans le même document que babort « bâbord »), puis, en 1522, sous la forme estribord, qui est employée jusqu'au début du XVIIe siècle conjointement à tribord, aphérèse de estribord[5]. Outre le caractère tardif des attestations, le maintien du [es] initial devant le [t] est caractéristique d'un emprunt récent à une langue contemporaine ; en effet, les mots du français ancien ne connaissent que [e] noté é devant [t]. Il s'agit selon toute vraisemblance d'un emprunt au moyen néerlandais[5], le français ayant emprunté à cette époque à cette langue de nombreux vocables relatifs aux techniques et au commerce maritimes. La forme néerlandaise est stuurboord[5], de stuur « gouvernail », que l'on retrouve d'ailleurs dans l'anglais steer, l'allemand steuer ou le breton stur « gouvernail » (cf. l'ancien français estiere « gouvernail » issu du vieux bas francique) et boord « bord ».
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Moyens mnémotechniques[modifier | modifier le code]
De nombreux moyens mnémotechniques basés sur les préfixes peuvent être indiqués :
- utiliser le mot « boat » : la première lettre « b » est à gauche donc bâbord et la dernière lettre « t » est à droite donc tribord ;
- s'imaginer lire le mot « batterie » (l'addition des deux préfixes « ba » et « tri » font ba-tri) inscrit à l'arrière (sur la poupe) d'un navire, et observer que : « ba » est à gauche du mot batterie (batri), comme bâbord ; que « tterie » (tri) est à droite du mot batterie (batri), comme tribord ;
- tout simplement : bâbord, tribord, de gauche à droite, respecte l'ordre alphabétique.
Bâbordais et tribordais[modifier | modifier le code]
On appelle bâbordais (ou bordée bâbord) et tribordais (ou bordée tribord) les deux équipes de matelots qui se relaient par quarts.
Ordres de barre[modifier | modifier le code]
Les expressions à tribord toute et à bâbord toute ne sont pas utilisées dans la marine francophone. Pour donner des ordres au timonier, qui se tient à la barre face à l'avant, on doit utiliser les mots droite et gauche ; par exemple : à droite toute ou à droite 5, signifiant mettre la barre « tout à droite » ou « 5 degrés à droite ». Dans les marines anglophones Port et Starboard sont utilisés. Sur les grands voiliers, les ordres à la barre étaient à l'époque donnés venir au vent (loffer) ou sous le vent (abattre) et l'unité était le quart.
Notes et références[modifier | modifier le code]
- Chapitre 3 alinéa 3.2.2.4 Dépassement
- Elisabeth Ridel, les Vikings et les mots : L'apport de l'ancien scandinave à la langue française, éditions Errance, Paris, 2009
- Informations lexicographiques et étymologiques de « tribord » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
- Grape, Wolfgang, The Bayeux Tapestry: Monument to a Norman Triumph, Munich, DEU, Prestel, coll. « Art and Design Series », (ISBN 978-3791313658, lire en ligne
), 95
- Albert Dauzat, Jean Dubois, Henri Mitterand, Nouveau dictionnaire étymologique et historique, éditions Larousse, 1974. (ISBN 2-03-029303-2), p. 765a.